L’étude est le résultat de la collaboration bien établie entre la Fondation Terre des Hommes et le Réseau hospitalier pour la prévention de la maltraitance des enfants que la Fondation a créé et qui, à ce jour, compte un groupe d’excellents hôpitaux à l’avant-garde dans l’interception, le diagnostic et le traitement de la maltraitance.

L’enquête, menée au printemps 2023, a porté sur 47 cas de syndrome du bébé secoué diagnostiqués par les hôpitaux participants entre 2018 et 2022 .

« Cette étude est pionnière pour notre pays car, pour la première fois, elle nous permet d’informer le grand public et les institutions sur le syndrome du bébé secoué en nous référant à des données réelles et à des pratiques adoptées chaque jour par ceux qui sont en première ligne pour l’intercepter dans les hôpitaux italiens ». Federica Giannotta, responsable du plaidoyer et des programmes pour l’Italie à Terre des Hommes.

Les données collectées

Dans 34 cas sur 47, les nourrissons sont âgés de moins de 6 mois et pour tous les groupes d’âge identifiés (0 à 2 ans), les victimes masculines sont plus fréquentes. Trente-cinq pour cent des garçons et des filles sont prématurés et souffrent d’autres maladies, deux facteurs qui augmentent le risque d’être secoué.

Malheureusement, dans cinq cas, les dommages graves ont entraîné la mort des nourrissons, tandis que dans 25 autres cas, le développement de l’ enfant a été gravement perturbé.

L’examen clé pour détecter les symptômes du tremblement est l’IRM ou le scanner, mais dans 40 % des cas, ces examens n’ont été effectués que 24 heures après l’admission aux urgences, ce qui rend plus difficile l’établissement d’un diagnostic et donc la prise en charge adéquate de la victime.

Le contexte

En outre, les secousses s’inscrivent souvent dans un cadre plus large de mauvais traitements. Pas moins de 29 des 47 cas de l’ historique pris en considération présentent cette coexistence dramatique de différentes formes de mauvais traitements.

Un tiers des cas détectés s’étaient déjà rendus aux urgences soit pour d’autres maladies (21 %), soit pour des symptômes de tremblement suspectés (15 %). On a constaté qu’un quart des garçons et des filles qui arrivaient à la clinique psychiatrique avaient déjà été secoués.

L’enquête identifie également quelques caractéristiques des familles d’origine des victimeset bien que le syndrome du bébé secoué ne connaisse aucune barrière sociale, économique ou culturelle, les données montrent que la majorité des ménages concernés (33 sur 47) présente problématique liés à la marginalité sociale, à la violence, à la toxicomanie, à la délinquance, à la pathologie psychologique (en particulier la dépression maternelle) ou à la pathologie organique et sont souvent des noyaux déjà connus de l’autorité judiciaire et pris en charge par le réseau des services sociaux.

On peut en déduire qu’une partie fondamentale du parcours diagnostique est la collaboration des services sociaux et des autorités judiciaires pour identifier et gérer ultérieurement les fragilités familiales. Ces collaborations sont souvent présentes dans les centres hospitaliers spécialisés dans les abus et la maltraitance, mais devraient également être présentes dans les salles d’urgence.

Recommandations

L’étude propose également un certain nombre de recommandations pour lutter contre le phénomène de manière coordonnée et efficace

  • Chaque région dispose d’au moins un centre hospitalier pédiatrique local doté d’une structure et d’une expertise spécifiques en matière de maltraitance des enfants.
  • Outre l’hôpital régional de référence, chaque grand hôpital pédiatrique dispose d’équipes multidisciplinaires et spécialisées, d’équipements instrumentaux et d’installations permettant de poser les diagnostics de maltraitance appropriés et de mettre en œuvre un panel complet de diagnostics différentiels.
  • La maltraitance des enfants devrait être incluse dans le programme d’études de la faculté de médecine afin d’assurer une préparation de base des futurs médecins sur ce sujet. En effet, il ne suffit pas de proposer ce sujet comme simple objet d’étude dans les cours optionnels pour l’obtention de crédits universitaires.
  • La prévention de la maltraitance est incluse dans le plan national de prévention sanitaire.
  • Qu’un code spécifique soit établi pour les cas de suspicion de mauvais traitements, sur la base de l’expérience d’autres codes déjà prévus pour d’autres types de violence à l’égard des femmes.
  • Que les salles d’urgence puissent être mises en réseau, au moins au niveau régional, afin d’être en mesure d’identifier les cas présumés de maltraitance en temps réel, de sorte qu’une réponse diagnostique plus ciblée et plus rapide puisse être activée, et pas seulement pour les cas de syndrome du bébé secoué.
  • Le réseau hospitalier pour la prévention de la maltraitance des enfants est reconnu par les décideurs politiques comme un acteur clé dans la définition des politiques de prévention de la maltraitance des enfants, d’un point de vue médical et clinique.

LE RÉSEAU HOSPITALIER POUR LA PRÉVENTION DE LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

La Le réseau hospitalier pour la prévention de la maltraitance des enfants est composé de Hôpital pour enfants Regina Margherita à Turin, Hôpital Vittore Buzzi à Milan, Hôpital universitaire de Padoue, Institut Giannina Gaslini à Gênes, Azienda Ospedaliera Universitaria Meyer IRCCS à Florence, Azienda Ospedaliero Universitaria Policlinico Giovanni XXIII de Bari et l’hôpital Santobono – A.O.R.N. Santobono-Pausilipon à Naples.

L’initiative a reçu le patronage de : AGIA (Autorité pour l’enfance et l’adolescence), AOPI (Association des hôpitaux pédiatriques italiens) SIMEUP (Société italienne de médecine d’urgence pédiatrique) SIP (Société italienne de pédiatrie) et CNR (Conseil national de la recherche).

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